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ARTEEX Jardin d´Expérimentation Européen

Philippe Variéras


Les triangles

Cette oeuvre est constituée d'une série de triangles formés de cheveux teints de couleurs vives. Les triangles, de tailles diverses allant de 7 cm jusqu'à 50cm de côté environ, sont accrochés de façon aléatoire afin de former un pan de mur très coloré.

Ce travail fait référence à la nomenclature permettant aux nazis d'identifier au premier coup d'oeil la raison de l'internement des déportés dans les camps. En effet, chaque déporté portait sur son vêtement un triangle de couleur, deux triangles jaunes inversés pour les juifs.

Jaune : juif
rose : homosexuel
Rouge : politique
marron : tsigane
Vert : criminel
violet : témoin de jéhovah
Noir : asocial

J'ai commençé par un travail très violent, dangereux mais s'exprimant dans un cadre rigide très esthétique (pointes d'acier, de verre cassé sur différents supports). Ces objets, ces panneaux muraux très agressifs, j'ai véçu plusieurs années avec eux. De cette expérience, naît la nécessaire présence humaine, d'un corps pris dans la violence qu'on lui impose et celle qu'il cherche.
Cette présence a toujours eu une place prépondérante, même si dans un premier temps elle est davantage imaginée que réalisée.
Ce corps apparaît progressivement à travers des représentations parfois entières, mais le plus souvent morcellé, par bouts, ou même vidé.
Aux matériaux très urbains du début (acier, verre, peinture de chantier, ciment, bitume), j'associe progressivement des éléments corporels (cheveux, viande, sang) ou extra corporels mais intimement liés au corps (vêtement, coton chirurgical, rouge à lèvre, asticot).
Cette élaboration passe par l'opposition ou le rapprochement de l'agréable à l'oeil, du clin d'oeil parfois et du désagréable à ressentir. Ce couple attirance/répulsion, du moins cette opposition plus que les autres, se trouve être l'un des principaux fils conducteurs accompagnant ma réflexion. En effet, les choses comme les événements ne m'apparaissent jamais comme des phénomènes n'ayant qu'une position dans un état stable. Au contraire j'y vois plutôt un monde dans l'entre-deux, proche du basculement.
Le bitume, la viande, le cheminement du sang vont me servir à interroger l'enveloppe et la " décorporanéité " par une mise à nu de l'être. Ces bouts ou morceaux de chairs, par l'entassement, le malaxage, l'ordonnancement, l'isolement interrogent la condition sociale de l'homme et le confrontent à ce corps métaphysique et sa constitution organique.
Ce corps omniprésent qui n'est plus seulement un outil dont on se sert mais aussi de la matière que l'on peut modeler, que l'on doit façonner afin de répondre à un idéal contenu dans des images de références (de la télévision, des magazines, de la publicité). Ce corps n'est pas seulement une affaire privée c'est aussi une construction entre le dedans (ce que je ressens) et le dehors (ce dont j'ai envie).
J'ai continué mon exploration au travers des cheveux, qui servent de protection à la partie essentielle du corps humain et le différencient des autres primates, puiqu'eux n'ont que des poils. Ils sont ceux qui nous renseignent immédiatement, qui nous donnent une idée, une perception de l'autre selon qu'ils sont longs ou courts, blonds ou bruns, lisses ou frisés, propres ou sales etc.... Ils sont l'objet de toutes les attentions, tant du point de vue du monde extérieur que du point de vue de l'intime.
Ce cheveu, c'est aussi le poil et là, il devient celui qui fait tâche, celui que l'on remarque instantanément sur le blanc du lavabo, du bac à douche, celui-qui nous dégoute. Et puis les cheveux comme les ongles continuent de pousser après la mort, se nourrissant sur la bête en quelque sorte. Et puis, et puis, les montagnes de cheveux des photos prisent dans les camps d'extermination.
Dans la salle de bain, le spectateur se trouve complètement englobé. Des cheveux par milliards, devant, derrière, au dessus, en dessous, partout.
J'ai continué de développer cet aspect de la rencontre et du mouvement du visiteur avec mes installations. Avec les billes et les calots, celui-ci pénètre et évolue dans un monde de couleur et de transparence où la difficulté ne se manifeste que lorsqu'on s'y confronte (sorte de labyrinthe contradictoire).C'est la fragilité et les risques de réaction en chaîne qui rendent le déplacement difficile et gênant.
J'attends du spectateur une participation symbolique et active (rognure d'ongle, mur aux menottes), qui l'amène à réfléchir, jouer dans et avec mon travail.



Les pas

Des billes de verre, collées ou accolées les unes aux autres, dessinent des pas sur le sol, au milieu de billes dispersées au hasard. Ces dernières obligent le visiteur à marcher dans les pas, tout en gardant une attention soutenue afin de ne pas bouleverser ce fragile ordonnancement.


Curriculum Vitae
Philippe Varieras

15 avenue Monseigneur Mouézy
35 000 RENNES
Tel : 02 99 32 37 82 - ph.varieras@free.fr
Né le 26 juin 1954 à Boulogne Billancourt
Atelier : 13 rue du noyer (Rennes)


Dans les années 75, je suis une formation d'infirmier en psychiatrie à Brest et je fréquente les étudiants des Beaux Arts. Je découvre avec eux, Artaud, Breton, Bataille, Lorca, mais aussi Egon Schiele, Masson, Beuys... et surtout Duchamp. C 'est par ce dernier avec ses ready made, ses jeux de mots, ses attitudes, que je pénètre vraiment dans le domaine artistique. Par la fenêtre si l'on veut.
Diplôme d'infirmier en psychiatrie obtenu à Rennes en décembre 1979.

Passionné par l'écriture, je travaille en librairie et participe à la rédaction d'une revue d'Art et de Littérature (ARDAL) à Rennes, dans les années 80.
C'est progressivement que m'apparaît la proximité entre la poésie, la littérature et les artistes.

En 1984, en arrivant à Paris, je commence par tâtonnement une recherche artistique :
emballage d'objets métriques (règles, équerre, papier millimétré...) recouvrement d'appareils ménagers par de petits triangles verres afin de les rendre non préhensibles, photomontages.

Je travaille parallèlement avec des adolescents à la Fondation Vallée (Gentilly 94) jusqu'en 1992, puis à mi-temps à la Fondation des Etudiants de France (Sceaux 92) jusqu'en 1997. A partir de cette date, je me consacre exclusivement à mes activités artistiques.

En 1986, je réalise des panneaux muraux encollés recouverts de peinture écrasée, d'un aspect lisse et froid, agressifs, transpercés de pointes d'acier.
En 1990, mon rapport avec les matériaux change, je réalise de grandes sculptures en ciment et acier (tipi, arbre).
A partir de 1993, j'utilise des matériaux essentiellement organiques (viande, cheveux...).


EXPOSITIONS

Expositions collectives

1992 : Espace Bateau Lavoir - Paris 18ème
1998 : Vendémiaire - Montreuil (93)
1999 : ARC - Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
2000 : Abaixador Deu - mission 2000 AFAA - Barcelone
2001 : Hors Bord - M.C. D'Amiens (80) - C.C. F. Mitterrand - Beauvais (60)
2006 : Galerie eof - Paris 2ème
Juin 2007 (en cours) : A moitié à l'ouest - 26ème dessus - Etables sur Mer (22)

Expositions personnelles

1997 : Centre Culturel F. Mitterrand à Beauvais (60)
1997 : Galerie du WAZOO à Amiens (80)

Réalisation

2007 : "Fauteuils au jardin" avec la Compagnie d'Arteex pour le Festival International des Jardins de Chaumont (41) sur le thème "Mobiles! Des jardins pour un monde en mouvement".